L’enseignement du fait colonial est très clairement inscrit dans les prescriptions des programmes scolaires du second degré, encore précisés par des documents d’accompagnement. Les manuels ne boudent pas non plus cette question, et si les pratiques réelles dans les classes restent plus difficiles à appréhender, il ressort de l’analyse de ce cadre prescriptif et pratique un certain européocentrisme de l’approche des colonisations. Le propos de cette communication est de proposer quelques pistes pour décentrer le point de vue : il s’agira moins de se focaliser sur les « représentations coloniales » métropolitaines, pour elles-mêmes, au nom d’une histoire un peu rapidement appelée « culturelle », mais de fait amputée de son inscription dans des sociétés et configurations historiques précises, que de chercher à recontextualiser des « scènes coloniales » dans une histoire sociale qui met aux prises de manière complexe colonisateurs et colonisés ; par ailleurs, une attention particulière sera portée aux sources permettant d’aborder l’enseignement du fait colonial en s’enracinant dans les terrains coloniaux. Le thème spécifique de l’enseignement dans les colonies peut être abordé à travers le motif idéologique de la mission civilisatrice. De manière non contradictoire, l’ancrer dans une histoire sociale permet d’incarner encore bien davantage ce motif et de construire de façon plus affermie des savoirs historiques avec les élèves. Afin de sortir des clichés souvent répandus et qui renvoient le plus souvent à un exotisme métropolitain, d’autres pistes thématiques pour enseigner le fait colonial seront aussi proposées – travail forcé, politique sanitaire… - en partant à chaque fois de situations expérimentées sur le terrain colonial, afin d’en faire émerger avec les élèves la dureté mais aussi la complexité.